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mercredi 28 janvier 2015

Lyon 7

tu sais le sable à ta portée les pieds enfoncés racines d'aucun arbre et la mer s'y creuse là où les pieds justement, chancelle le corps en son entier, par la mer démesurée, déséquilibrés, jamais fragmentée la mer tu sais toujours en son entier là où elle oublie sa masse, ainsi tes pieds talon courbure ongles et la voûte à quoi répond le sable creusé la voûte à l'envers, de quoi ? sur quelle planète croîs-tu ? sous tes pieds le cerne de la mer creusée ainsi autour des rochers les algues y pendent y abreuvent quelle aventure ? tes bras s'agitent au ciel y pendent y abreuvent quel tronc s'y élève quel tronc / bientôt tu tombes les muscles bandés retenus par un dernier effort pour quelle raison ne pas tomber creusée sous la mer cernée sous le sable prise entre les rochers pour quel sens ne pas tomber emportée sous la vague tes yeux levés vers le haut le ciel je ne sais quoi le vertige inouï / soutenu par les sables toujours à portée des pieds des mains du dos du ventre ton corps en son entier le coucher drapé le draguer au fond sans résister à la vague pas venue pour toi seule seulement là la vague creusant le lieu où tu tiens non pas contre vents et marées contre tes bras balancés récitant les leçons debout leçons apprises à vivre sur le sable en pareil déséquilibre et cependant pieds joints au corps entier enracinés vers le sable aspiré par le bas et toi résistant les yeux tournés vers le bas la terre je ne sais quoi ferme-les sur la ténèbre comme les crabes au creux du sable et tu vois l'enfant toi un autre peu importe se batailler une place un lieu où debout tenir les pieds en déséquilibre mais joints là où joints la mer et le sable bataillent se veulent et se jouent sans mal sans penser à mal toi si mal achevée soudée par les chevilles vissées à la marée la refusant vissées à elle la déportant là où tu vas où tu la quittes emportée sous tes pieds cachée grondante la marée reflue au crâne et cerne les yeux là où le sable se creuse oui comme cernes autour des rochers sous les yeux creusées par la marée qui reflue de tes pieds à tes yeux envahis par la vue au front de la mer comme un affront si tu résistes. Demain, on videra ton corps, accroché de sable encore entre tes doigts, on videra ton corps en son entier de la mer refluée ici en son entier sous tes yeux cernés de sable les bras en croix battus d'air et la mer ne t'épargne plus /

mercredi 21 janvier 2015

cloclo

Le mépris de la moue de la bouche se déversant sur Cloclo et par ricochet en cascade sur moi hypnotisée par Cloclo me noyant jusqu'à m'aspirer par le trou des cabinets dans les bruits de chasse d'eau et par-dessus tout les images suggérées par les lieux, le champ lexical – apprendrais-je plus tard et donc les connotations du mot et des bruits, chasse d'eau..., donc le mépris de la moue de la bouche tombant sur ma tête – par l'ouverture qu'adulte je saurais nommer chinoise, l'ouverture du ciel, l'accès sacré par là où le shen, signent-ils se déverse – et puis le mou du crâne l'œsophage le parcours obligé des nourritures ou de l'énergie mystérieuse ou du sang ou du mépris sans couleur dans un corps jusqu'à l'anus ou le point entre le coccyx et le périnée ou les pores de la peau les plantes des pieds enfin le mépris de la moue de la bouche exactement comme le guano des mouettes et des goélands lâché du ciel -immaculé bleu chrétien- sur les roches de la plage et de la mer –

cela parce que j'adorais danser déhanchée sous l'image virevoltante de Claude François et des Clodettes déshabillées presque, à paillettes, stupides, girondes, moulées, en short, mécaniquement sexuelles et lui, homme saccadé bondissant, not fluent, martelant le sol frappant du pied homme ressort –c'était la violence aussi qui me happait ? Ou la joie vulgaire ?

Je me cachais. A dix ans, pour danser. Cloclo, non.

Regardant Cloco à la télévision, portes fermées, vrillée à la crainte de surprendre la porte du salon s'ouvrir sur des visages à la moue de mépris, des figures de déception – à ce moment-là s'est cristallisée la pierre noire et charbonneuse de mon ventre et de mon âme et ce fut l'abandon dans le trou des cabinets emportés avec l'innocence, de la joie, de la stupidité de la joie, de la légèreté, du scandale de l'insouciance et de la légèreté – et dans le même temps, par l'évacuation grotesque, je perdis ma virginité sur un tapis de salon, sans nul outil sexuel, transpercée par des yeux et se dégonfla ma confiance en Eux, en leur capacité de m'élever puisque graves et concernés, engagés, ils ne savaient que laisser tomber le mépris de la moue de la bouche, et déconsidérant Cloclo, me jeter appât vivant au milieu de Cloclo et de ses Clodettes dans la fosse où barboter. Mais dépucelée de cette façon intellectuelle et morbide, le caillou noir et charbonneux je l'ai gardé au ventre mais aussi dans mon poing et devenu ma pupille, le caillou noir les regarde du fond de son marécage comme un albatros là-haut vole et superbe nous toise.

Cloclo, ce qui brille, vibrillonne, se lamente, bondit, se réjouit, Cloclo, la boule à facettes, le rebondi des paroles et des fesses, c'est ce qu'il me faut fuir si je veux appartenir à ce clan grave, dont l'humour est intelligent, l'intelligence désincarnée, l'encombrant corps encombré, sous le sable suffoquant, au-dessous du genou, dénué de fard à paupières, de gaieté, balancées par-dessus les talus la gaieté, la frivolité plus exactement, la danse en réalité.

Danser ! L'envergure du corps, ses performances, sa joie débridée, danser ! Ouvrir la porte à la licence jouissance aux caresses, velours, oubli des causes et des peuples. Cloclo c'est l'épouvantail clinquant de l'égoïsme, ça qui fait fuir les corbeaux freux aux plumes noires si grises ; les piaillements de ces porteurs de pensées froides et moralisatrices me piquent les oreilles et me pincent les joues.

Quand danser je voulais juste ...

2013 ??? 2014