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dimanche 1 mars 2015

Lyon 9

assez / me porter / ce vide / qui sait, le Penseur ce n’est peut-être qu’un creux et ce front posé sur sa paume l’effroyable poids d’être et moi je pèse ce que pèse ce front posé dans la main / lourd creux qui se réfléchit se recroqueville ne bouge plus pense sur lui tourné vide contre le monde pour ne rien voir que peut-on voir si ce n’est cette marche le désert milliards d’étoiles et le Penseur inutile tourné lui-même statue voûtée vide au creux de sa main front déposé trop lourd d’être à vide que pense-t-il sinon rien / s’enfonce dans la terre peu à peu ne résiste plus son bras un peu plus se plie le coude sur le genou glisse tout le dos se voûte écroulement courbe de pierres / sur leurs ruines.

 

Autour de lui les passants pensent l’envient pansent leurs vides autour du Penseur tournent rôdent à se dire « il Pense ! » sifflent en silence admirent envient parlent du Penseur sa posture / les penseurs passent auprès de lui croient entendre là la pensée au travail, les rouages les bruits le génie qui grince sauf moi, là aussi qui sait pourquoi ? ne pense pas imagine en travers de la gorge être là au creux du Penseur entre la paume et le front ou dans le crâne les creux la pierre je suis tournée contre tournée à me retourner au-dedans / un gant de main trahie retournée la paume vide le front vide dégarni je suis ce rien entre la main le front la posture au centre même des passants ne marche plus ne marche plus ne fais plus semblant, assise là au fond de moi du penseur assise à vos tables et lui creusé par la pierre / la différence ?

 

Le Penseur ne dit rien pas un silence pas un mot ses yeux tournés sur eux le même geste pas répété le geste le même juste abîmé par le temps la pluie le soleil abîme souvent le soleil. Il est assis là le Penseur il pense dit-on bientôt je le vois déraper son bras glisse il songe ne pense plus il songe simplement d’être là ce serait penser ; les passants qui trichent les passants pensent « il pense, quelque chose est à penser » / je sais au travers de la gorge la panique du Penseur n’a rien à penser, son geste seul sa posture sa pose c’est lui ce n’est rien et les penseurs qui passent me crachent dessus l’admirant.

Fortunés passants d’occasion penseurs moi à vos tables immobile le regard contre tourné et le Penseur front contre paume les yeux penchés la différence ?

 

S’il se lève le Penseur s’ébroue un muscle en son entier animal vide forme debout statue encore sauvage le Penseur, je dis il pense la posture, c’est son front sa main sa nuque qui crient je pense ! mais sa pensée muette on n’en sait rien comme tout en nous on ignore on s’agite on pèse sur ses jambes, on brasse air et vent, on étouffe et le Penseur ruine sur sa pierre j’entends son hurlement il attend simplement au travers de la gorge d’être pris par la vie pris par la vie voudrait tourner manège comme les autres autour de lui le Penseur, passer à ses côtés admirer le Penseur la pierre assise front contre paume la pierre qui pense voudrait tricher sur sa ruine lui aussi, panser ses cris, aboyer contre, pousser ses cris quitter le creux comme les autres quitte à poursuivre le vent à courir derrière pour rien, pour rien mais courir aussi