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Portraits énigmatiques

 Imposture

 

 Je ne suis pas vierge. Puisque tous les hommes qui me veulent peuvent m’avoir. Il suffit de me dégager du temps. Mais je ne suis pas là pour raconter des histoires. Je suis vierge de cœur. Je n’ai eu aucun homme que j’ai espéré. Je suis boxeuse, poids coq. Le ring c’est ma surface et ma nature. Les blancs-becs, je les regarde du haut de mon ring, ceux-là qui viennent pour le frisson ou pour gratter un article. Ou embarqués par des amis. Histoire de. Les blancs-becs, ils me regardent d’en bas, ils regardent mon jeu de jambes, ma résistance et ils applaudissent aux KO. Ils se demandent comment une fille peut jouer de violence comme ça. Aussi directement je veux dire ils sont plus habitués à la traîtrise et aux yeux de biche. Les yeux de biche, je ne connais pas. Et les mots doucereux non plus. Je frappe. Je sais attendre aussi. Mais les blancs-becs ne connaissent pas assez les règles et l’art de la boxe. L’art de l’esquive pour mieux frapper l’ennemi, les parades pour se protéger avant de balancer un uppercut et même les faiblesses trompeuses. Les blancs-becs, c’est bien pourtant ceux-là que je voudrais. Mais en dehors du ring, je ne sais pas manipuler. Les autres, les hommes qui me cherchent, c’est ma violence qu’ils veulent, l’élasticité de mes muscles et l’absence totale de sentiments. C’est ça qu’ils voient de moi et c’est bien ça que je suis durant les combats. Mais tout est à l’envers. Ça n’est pas que je sois fleur-bleue dans la vie civile et matador dans la boxe, ça n’est pas aussi bête que ça. C’est que les blancs-becs je rêve de les brutaliser mais je fonds si je les croise.

2006 ?

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Le roi Cléopâtre avait un œil de verre
que ni sa sœur ni la Reine n'eurent jamais l'occasion d'admirer.
Les deux malheureuses, voilà soixante ans,
étant nées aveugles sans se connaître et sans scientifique raison.
Le roi Cléopâtre regardait ces méfaits -coïncidence et ignorance-
d'un œil mauvais mais les deux femmes ne lui en tinrent jamais grief
aveuglées de naissance et d'amour.


2011
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Je n’ai jamais compris pourquoi ma grand-mère, qui jouait du violoncelle, n’avait jamais épousé mon grand-père, qui jouait aussi du violoncelle. Jusqu’au jour où celui-ci s’est suicidé. Classiquement, comme on le fait en Bretagne. Par pendaison. C’est la seule façon de mourir debout.

2006

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